Résidences-services, seniories en Belgique (2/2)

« Gagatorium » dénonce l’absence de contrôle des résidences privées pour seniors, en France.

En Belgique, tant les maisons de repos que les maisons de repos et de soins et les résidences-services sont encadrées et doivent être agréées.

Maintenant apparaissent aussi, chez nous, d’autres logements collectifs à destination des seniors: résidences avec services, résidences avec service hôtelier, seniories,  seniors- flats…

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Chacun son transat…

Le terme générique « résidence » couvre un ensemble hétérogène d’hébergements :

  • Des copropriétés ou immeubles d’appartements, de vacances  s’appellent « Résidence ».
  • Pour s’adresser au public senior, le terme « Résidence » très joli, porteur d’un parfum de prestige est largement utilisé. Des maisons de repos, des maisons de repos et de soins ont choisi le mot « Résidence » dans leur dénomination ou l’emploient couramment.
  • On ajoute à ces multiples usages du mot « Résidence », les résidences-services agréées et d’autres résidences avec services qui voient le jour un peu partout.

Une certaine confusion s’installe dès lors sur la nature de l’accompagnement proposé aux divers « résidents » seniors.

Pour se repérer, il faut distinguer  les résidences-services qui sont agréées et d’autres résidences qui s’apparentent à des copropriétés « normales » avec services.

Les résidences-services sont définies légalement (*). Elles sont agréées et ont  un accord privilégié avec une maison de repos ou une maison de repos et de soins. Cet accord permet le transfert prioritaire du résident en perte d’autonomie grave et définitive. Cette formule intéressera des personnes encore autonomes qui ne veulent pas s’orienter vers une maison de repos mais veulent y rentrer rapidement en cas de difficulté. Dans une résidence agréée, la fourniture des services promis est toujours garantie (pas de suppression du service restaurant par exemple…). Une certaine mixité sociale est promise dans le futur avec des projets de résidences-services sociales pour personnes âgées.

Pour les autres résidences avec services : de nombreuses promotions immobilières proposent des larges services facultatifs payants à destination d’une clientèle très aisée mais aussi d’un public plus vaste. Le public visé au départ est clairement le groupe des seniors de la soixantaine, autonomes ou valides. Ce concept de résidence avec services n’a rien à voir ni avec une maison de retraite ou une maison de repos et de soins ni avec une résidence médicalisée. La formule s’appuie sur une copropriété  de logements ou d’appartements plus ou moins adaptés. Souvent située en ville, idéalement  à proximité de commerces ou d’espaces verts, cette copropriété mettra en avant son cadre sécurisé, paisible ou  rassurant. Elle comprend selon les cas des espaces collectifs: bibliothèque, piscine, salle vidéo, restaurant, cafétéria, salle de réception, salle de fitness, laverie, salle de relaxation. Les services à la carte sont des prestations variées relevant de la conciergerie 24h/24, blanchisserie, ménage, restauration, coiffure, animations, transport…

Une résidence de ce type offrant par exemple un service de conciergerie, une garde de nuit, une piscine génèrent des coûts fixes et récurrents qui se reportent logiquement sur chaque copropriétaire même si l’un ou l’autre n’en fait guère usage.

Les projets neufs de résidence-services non agréées fonctionnent donc comme des copropriétés normales en proposant des logements mieux adaptés, plus modernes et mieux isolés que le parc immobilier traditionnel. Cependant, il n’y pas de subsides ni de remboursements garantis de l’Inami pour les frais de personnel par exemple. L’acheteur d’un bien, d’un droit d’occupation, de location  n’a aucune certitude sur la pérennité et l’éventail des services proposés qui dépendront de la rentabilité économique. Il n’y a pas d’équipe médicale multidisciplinaire permettant aux personnes âgées en perte d’autonomie de bénéficier de vigilance, de surveillance, de soutien, d’accompagnement ou de soins médicaux d’office. La responsabilité médicale de la santé reste donc totalement entres les mains du résident autonome qui conserve son médecin traitant, organise son suivi médical, et ses soins éventuels.

Si quelques années plus tard, le résident en raison d’une dépendance fait appel à des soins à la carte, ils lui seront facturés outre les charges mensuelles. Le coût de services à la carte pour une dépendance qui se prolongerait risque de gonfler sérieusement la facture mensuelle. Le résident en perte d’autonomie peut à ce moment, en respectant les clauses de son contrat, envisager son transfert éventuel vers un établissement plus adapté mais c’est lui seul à trouver ce lieu d’accueil et à organiser son déménagement et les diverses formalités.  

Se renseigner préventivement et longuement avant de choisir une formule de logement  est impératif. Un cadre luxueux n’est ni nécessaire ni suffisant pour faire le bonheur des seniors.

Il est essentiel de

1.  Déterminer ce qui est souhaité comme milieu de de vie et accompagnement en tenant compte de l’état de santé, des ressources financières et se rappeler que tout service a un prix !

2.   D’identifier le cadre juridique de la structure choisie, son organisation et la marge de manœuvre du résident ou du copropriétaire privé.

3.  Visiter le lieu choisi plusieurs fois si possible accompagné par un membre de sa famille, un ami, un tiers spécialisé qui aura un autre regard sur le logement proposé.

4. Faire une simulation du coût mensuel global et analyser ou faire analyser systématiquement tous les documents juridiques avant de s’engager, comme le conseille Christie Ravenne.

Chaque formule est valable et peut se révéler intéressante pour autant qu’elle convienne à la personne, corresponde à ses capacités physiques et financières et qu’elle en a compris toutes les implications futures. 


(*)   Par exemple en Wallonie, la législation relative aux résidencesservices est principalement contenue dans un décret du 30 avril 2009

Résidence et cadre luxueux? Mais…(1/2)

… quel dommage d’en arriver là !

Dans « Gagatorium », Christie Ravenne, ancienne journaliste, qui habitait Biarritz  décrit la plus grosse erreur de sa toute sa vie. A 77 ans, elle décide de se rapprocher de sa fille et ses petits-enfants. Après une seule visite dans une résidence privée non médicalisée non conventionnée de Bretagne qui ressemblait ce jour-là à un club de vacances pour personnes âgées, elle se décide « beaucoup trop vite ». Elle y achète 2 appartements, emménage dans l’un et loue l’autre. «Ici, tout n’est que luxe calme et volupté». La journaliste  se rend vite compte de l’envers du décor. Certes elle est propriétaire mais les charges et services des appartements ont un coût exorbitant. Elle a signé sans vraiment comprendre l’organisation de ce système de copropriété, ni étudier les coûts des charges.

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« toute la vieille volaille exsangue qui se fait plumer… » Christie Ravenne

Sa copropriété en résidence service est une copropriété « normale », mais tous les  services (bus, restaurant, animations, surveillance, …) génèrent de lourdes charges payées par les copropriétaires.

La clientèle de sa résidence est âgée, autonome et en bonne santé… lors de la signature du contrat. Plus tard, l’état des habitants de la résidence se dégrade naturellement et … ils deviennent de fait prisonniers de leur propre domicile et du système de services.

Contrairement aux maisons de retraite, chaque service relatif à la prise en charge médicale par des prestataires indépendants leur est facturé, ce qui fait grimper l’addition mensuelle. La gestion étant privée, aucun contrôle extérieur des autorités publiques ne peut s’exercer, contrairement à ce qui se passe pour les maisons de retraite. Christie Ravenne décrit des « petites vieilles atteintes d’Alzheimer qui erraient dans les couloirs car elles ne retrouvaient plus leur appartement« . Aucun mécanisme de transition vers un établissement de soins n’est en place puisqu’elles sont censées être et rester autonomes…

Inéluctablement, les propriétaires très âgés, malades ou extérieurs n’assistent pas aux réunions de copropriété: aucun contrôle interne ou frein ne tempère l’avidité des fournisseurs de la résidence qui peuvent facturer largement aux résidents.

Aidée par sa famille, et deux juristes pointues qui seront ses anges gardiens, Christie Ravenne parvient à quitter son appartement en 2011 mais elle y a perdu son patrimoine.

* * *

Rappelons que Christie Ravenne parle de la situation en France et cible une seule catégorie d’hébergement,  les résidences-services privées. Elle reconnaît sans ambiguïté dans une interview que la situation est contrôlée dans les nombreuses maisons de retraite de France, appelées établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).

Le témoignage de « Gagatorium » est une excellente illustration d’un système d’hébergement non encadré qui dérive. Ce n’est pas vraiment une histoire de seniors « maltraités » au sens premier mais plutôt de seniors grugés, ce qui est tout aussi scandaleux. Le livre de Christie Ravenne est à conseiller à tous ceux qui envisagent un autre habitat futur avec des solutions « à la carte ». Il incite à la vigilance et rend attentif aux points sur lesquels il faut se focaliser avant de s’engager dans ce type de structure.

« Gagatorium, quatre ans dans un mouroir doré »,  Christie Ravenne (Ed. Fayard)

– La Mémoire – L’entretenir et la développer…

Au fil du temps, nos facultés intellectuelles faiblissent un peu et notre mémoire suit la même courbe. Continuellement sollicitée, elle se dérobe parfois et nous joue des tours que nous supportons mal. « Rien n’est plus agaçant que de ne pas se rappeler ce dont on ne parvient pas à se souvenir et rien n’est plus énervant que de se souvenir de ce qu’on voudrait parvenir à oublier » dit Pierre Dac.

Outre les tracas de ne plus retrouver une facture au moment opportun ou de ne pas se rappeler le titre d’un film au cours d’une conversation, une petite peur s’insinue en nous car nous connaissons autour de nous beaucoup de personnes, frappées par la maladie d’Alzeihmer, qui nous bouleversent.

La mémoire est la capacité individuelle à se rappeler des expériences passées. Elle s’appuie sur un système très complexe qui permet à chacun de disposer d’un champ mental dans lequel ses souvenirs, qu’ils soient récents ou éloignés, sont enregistrés, conservés et qu’il peut retrouver et restituer. Cette faculté de mémoriser joue un rôle dans notre construction personnelle, dans notre identité, le développement de notre imagination, la coloration de nos émotions et notre intégration sociale.

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C’est la base même de tous nos apprentissages qui se stockent et se construisent module par module en se cimentant les uns aux autres comme une mosaïque. Le siège de notre mémoire est notre cerveau, capable d’enregistrer environ un million de milliards de bits, soit beaucoup plus que n’importe quelle machine. Mais le cerveau humain enregistre avec discernement et non de manière simplement mécanique pour ne sélectionner que des informations utiles à notre parcours.

Le cerveau est l’organe humain le plus précieux et il vieillit relativement bien, même si à partir de 45 ans, on peut noter certains signes de lassitude. Une plainte liée à la mémoire défaillante est exprimée par 50% des sujets âgés de plus de 50 ans et 70% des sujets de plus de 75 ans.

Les oublis bénins tels que révèlent les questions « Où sont mes lunettes? » « Où sont mes clefs? » et maintenant « Où est mon GSM? » sont liés à un vieillissement normal. Ces plaintes ne signent pas systématiquement des traits de vieillissement pathologique comme ceux provoqués par la maladie d’Alzeihmer ou une autre maladie cérébrale.

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En cas de fléchissement normal de la mémoire, un ouvrage pourra utilement vous guider. Marie- Paule Dessaint, dans son livre (1) « La Mémoire, l’entretenir et la développer »  vous incite à entretenir «une mémoire vive, alerte et heureuse afin de préserver ce joyau parmi les plus précieux jusqu’à un âge avancé». Elle propose une centaine de trucs, de conseils, «de règles élémentaires d’hygiène de vie, simples mais très efficaces pour améliorer rapidement votre mémoire et par ricochet votre vie au quotidien ».

En effet, en cas de troubles sans gravité de la mémoire, il faut savoir qu’exercer régulièrement ses fonctions intellectuelles (jeux de réflexion et de logique comme Scrabble, dames, échecs, mots croisés, participation à des activités sociales, sportives, etc) permettent de multiplier les connexions neuronales et donc de stimuler la mémoire.



(1)  « La Mémoire     L’entretenir et la développer » Marie- Paule Dessaint  200 pages, Editions Le Dauphin Blanc (septembre 2008)