Pour mieux saisir la nature et les aléas de la prime vieillesse, je vous conseille la découverte de cet ouvrage « Vieillir – Un temps qui s’apprivoise. »
Exposition MONSens (art brut). BAM. Mons 2015
Colette Maskens découvre tardivement que vieillir n’est pas si facile. On ne l’a pas prévenue, se dit-elle sans cesse. A mesure que son corps la lâche, la thérapeute découvre sa fragilité et réalise qu’elle n’a pas de mode d’emploi à disposition pour les années devant elle. Elle cherche donc à s’adapter à chaque étape de cette évolution. Même si l’âge vulnérable a ses épreuves, il comporte aussi ses bonheurs.
A travers son chemin personnel où elle décrit ses forces et ses faiblesses, elle note l’impérieuse nécessité d’anticiper la dernière étape de la vie même si la préparation ne sera sans doute pas totalement adéquate.
L’auteur
Thérapeute belge en analyse bioénergétique, Colette Maskens a une longue pratique du yoga et de la méditation. A 77 ans, elle s’attelle à la rédaction de cet ouvrage qui est paru en 2014.
Commentaire
La première partie de sa réflexion porte sur les causes de sa propre méconnaissance des soucis de la vieillesse. Malgré ses déjà soixante ans, ses ennuis de santé et le fait d’avoir côtoyé des personnes âgées, elle n’avait pas intégré la difficulté de vieillir. Pourquoi ? La réponse est sans doute que personne ne veut s’impliquer ni savoir de quoi il retourne avant d’y être confronté. C’est toujours la même cécité ou surdité qui prévalent actuellement. Un collègue psychologue, spécialisé en gérontologie, m’indiquait qu’afficher sa spécialité sur la plaque de son cabinet ferait fuir tous les patients.
« Personne n’est concerné et n’a des soucis en vieillissant, n’est-ce pas? »
« Moi, je ne me sens pas vieux… ».
Passé ce constat, Colette Maskens partage son expérience avec beaucoup de sincérité quand elle décrit la perte de maîtrise, de statut ou le repli face à la vie en société (point d’ailleurs démontré dans l’enquête Solidaris sur les « 80 ans et plus »).
Colette Maskens donne des pistes de réflexion empreintes de beaucoup de sagesse et de modernité. Notamment quand elle évoque la nécessité d’abandonner les schémas anciens et d’aller vers les plus jeunes, sans attendre qu’ils fassent le premier pas vers les seniors.
Ma seule réserve porte sur sa vision partielle d’une prise en charge (page 72), mais l’auteur mentionne bien qu’elle ne connaît pas la troisième étape, celle de la dépendance (page 40), ce qui explique sans doute cela. *
Colette Maskens nous montre que le senior possède encore assez de potentiel pour s’adapter et que cette vie a aussi ses parts de bonheur pour celui ou celle qui aura le courage de l’aborder lucidement.
Une phrase
« Dans un puzzle, chaque pièce a la même importance, quelle que soit sa forme, sa place, sa couleur. Il en va de même pour l’humanité. Chaque personne, comme les pièces d’un puzzle a toute son importance et sa présence est absolument nécessaire pour que le puzzle soit complet, parfait ». Page 109
«Vieillir – Un temps qui s’apprivoise». Colette Maskens. Edition De Boeck, 2014, 120 pages
*Pour s’informer sur ce point précis, lire « Les aidants proches des personnes âgées qui vivent à domicile en Belgique : un rôle essentiel et complexe ». Étude de données. Fondation Roi Baudouin