Selon un nouveau rapport d’enquête présenté par la Fondation Roi Baudouin, une majorité des Belges âgés de plus de 60 ans ont une vision positive de l’avenir: ils sont loin de vouloir penser ou d’anticiper les risques du troisième âge.
Au même moment, la presse relaie des problèmes alarmants de grands seniors (85+), dénutris ou hospitalisés, ou victimes de la solitude. On peut s’étonner d’un tel hiatus entre la perception lénifiante des seniors et la situation dramatique d’autres seniors.
Le panel de l’enquête est correctement signalé aux lecteurs (1). Il ne concernait pas les personnes de plus de 85 ans, ni en perte d’autonomie. Mais le biais du plafond de verre expliqué longuement dans ma série d’articles sur l’autonomie doit avoir joué dans une partie des réponses téléphoniques des interlocuteurs plus âgés, toujours tentés de fournir une réponse agréable et positive dès qu’un signe d’intérêt envers eux se manifeste.
Commentant cette enquête, Anne Jaumotte, chargée de projets chez Énéo –mouvement social des ainés de la Mutualité chrétienne- note aussi la nécessité de faire des études sur les nonagénaires et les centenaires pour compléter judicieusement ce baromètre .
«On ne m’avait pas prévenue» … combien vieillir est désagréable, déclare Colette Maskens dans un livre paru en 2014.
Quatre livres, dont trois écrits par des seniors, me semblent apporter des éclairages pour aborder la vieillesse et prévenir, tous ceux qui vont avoir la chance d’aborder la rivière sinueuse du grand âge, des embûches du parcours. Car cela reste une chance!
Ces lectures complèteront la suite des articles parus sur ce blog sur les défis de l’autonomie et de la dépendance, en apportant de bonnes pistes de réflexions à ceux qui voudront s’informer.
Pour mieux saisir « la prime vieillesse »
- Tu n’es plus dans le coup. (roman) Amélie Plume;
- Vieillir – Un temps qui s’apprivoise. Colette Maskens (auteur belge)
Pour savoir à quoi ressemble « la vieillesse de la vieillesse »
- Encore un instant. Claude Sarraute
- Une si longue vie: comprendre et accompagner le grand âge. Pierre Gobiet (auteur belge).
Pourquoi avoir choisi ces ouvrages en particulier?
Tout d’abord, les trois premiers livres sont des témoignages d’expérience de vie de deux septuagénaires et d’une nonagénaire.
Ces ouvrages courts procèdent avec bienveillance et modestie. De forme littéraire différente, ils s’appuient avec honnêteté sur le vécu de leurs auteurs. Il ne s’agit pas de livres misérabilistes, ni d’exhortations au bonheur factice, ni de recettes miracles.
Précision utile: la vieillesse prend des chemins différents et ne se fait pas pour chacun au même rythme dans le corps et dans la tête. Ces livres ont donc été écrits par des personnes plus affectées dans leur ressenti physique que mental (2).
Le quatrième ouvrage est différent dans la mesure où il est rédigé par un spécialiste Pierre Gobiet qui accompagne de grands seniors. Même si chaque parcours est différent, cet ouvrage permet de comprendre le souffle de vie qui anime les grands seniors. Il s’adresse sans doute plus aux soignants et aux proches en leur donnant des clés essentielles de compréhension rarement évoquées dans des situations d’accompagnement parfois très difficiles.
La littérature sur le vieillissement bienheureux et magique est abondante. Si j’ai beaucoup lu sur ce sujet, peu de livres ont une telle résonance d’exactitude avec mon expérience de vie auprès des seniors.
« Même s’il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre même à soixante ans« (3)…
Je reviendrai sur chacun de ces quatre livres qui recèle chacun leurs pépites.
1. « L’étude a été menée auprès d’un échantillon représentatif de plus de 2.000 Belges de 60 à 85 ans qui ne se trouvaient pas en situation de perte d’autonomie. L’objectif était en effet de sonder les attentes et les préférences de personnes qui avaient encore une liberté de choix. L’enquête s’est faite en partie en ligne et en partie par téléphone ».
2.« …je parle ici de vieillir par rapport au corps. Car dans la mesure où mon cerveau n’est pas diminué physiologiquement… » page 9 . Vieillir – Un temps qui s’apprivoise Colette Maskens
« Je suis menacée par le déambulateur et je vois arriver le fauteuil roulant ! Heureusement, il y a encore la tête qui marche. », conclut Claude Sarraute.
3. Vieillir – Un temps qui s’apprivoise. Colette Maskens. 2014. Page 46.
L’intarissable conteur et écrivain auvergnat, Jean Anglade est décédé ce 22 novembre 2017, à l’âge de 102 ans.
Il a écrit pas moins de cent livres. A 100 ans, il publiait encore un roman « Le Grand dérangement ».
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