Ou pourquoi je retiens 1815, la date de la bataille de Waterloo !
Horace Vernet représente Napoléon scrutant le terrain et les cartes de la bataille de Wagram, qui eut lieu 6 ans avant Waterloo.
Au retour d’Italie, Napoléon fut même surnommé le « géomètre des batailles » (1)
1950. Bruxelles.
Je suis à un examen oral de physique. La deuxième question concerne le nord géographique et le nord magnétique. Question relativement facile et j’entrevois la percée victorieuse.
Le Nord géographique correspond au pôle Nord, qui est l’un des deux points par lesquels passe l’axe de rotation de la Terre tandis que l’aiguille aimantée d’une boussole indique le Nord magnétique qui s’aligne sur le champ magnétique de la terre. Celui-ci est engendré par les mouvements du noyau métallique liquide des couches profondes de la Terre.
Ces deux nords ne se recoupent pas exactement. En un point donné sur la surface de la terre, l’angle formé entre la direction du pôle Nord et celle du Nord Magnétique est appelé « déclinaison magnétique ». La déclinaison magnétique dépend de l’endroit et change sans arrêt puisque le Nord magnétique se déplace continuellement. Pour s’orienter correctement, il est important d’en connaître la mesure.
En quelle année cette déclinaison atteint son maximum chez nous ?
me questionne l’examinateur tatillon.
Je suis désemparé devant l’oppresseur. La mémoire est un système fort complexe, du moins chez moi: je n’arrive jamais à y aligner les dates en bataillon. Les chiffres sont plutôt des papillons éphémères. Sitôt posés, ils s’envolent.
Que répondre? Un soupir? La bataille est-elle perdue?
Je suis accablé quand surgit in extremis un souvenir de lecture d’une ancienne étude consacrée à la bataille de Waterloo. J’avais même parcouru les notes en bas de page dont une mentionnait la particularité de la déclinaison magnétique de l’époque.
« La mémoire des dates me fait défaut » dis-je « mais je peux vous dire que c’était lors de la bataille de Waterloo ».
« En effet: 1815 » complète le professeur satisfait de faire ce lien avec l’illustre bataille et comblé par ce trophée inespéré, comme peuvent parfois l’être les examinateurs fatigués, désabusés, après des heures lassantes d’interrogations d’étudiants.
Des stratèges et le géomètre Simon* accompagnaient Napoléon à Waterloo pour s’assurer des circonstances topographiques. Ils prêtaient une attention particulière à l’orientation afin de donner à Napoléon tous les éléments utiles pour définir la position des armées sur le champ de bataille… (2) A noter que le travail de repérage pour cette bataille ne fut pas exempt de reproche.
Le 18 juin 1815, la déclinaison magnétique sur le champ de bataille était négative (vers l’ouest) et atteignait un maximum de – 22 °17’.
Depuis 1815, la déclinaison s’est progressivement réduite pour revenir vers le nord géographique. Sa valeur en 2012 à la butte du Lion était nulle : le Nord magnétique était alors aligné sur le Nord géographique.
Valeur estimée de la déclinaison magnétique à Waterloo (Butte du Lion) http://www.ngdc.noaa.gov/geomag-web/#declination (source : U .S. National Oceanic and Atmospheric Administration) |
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18/06/1815 |
18/06/2015 |
Nous sommes maintenant dans une légère déclinaison positive et le 18 juin 2015, cette déclinaison est estimée à la valeur de 0°46’
L’évocation de la bataille de Waterloo fit ce jour-là de 1950 au moins deux heureux: l’examinateur enthousiaste de la découverte d’une connexion historique et moi qui avais retrouvé le Nord…
(Témoignage de Gilbert D., géomètre)
Napoléon était âgé de 45 ans à Waterloo.
L’armée impériale subira une cuisante défaite face aux puissances européennes le 18 juin 1815.
Outre les diverses causes détaillées par de nombreux historiens, il semble que le revers s’explique aussi par l’attitude de Napoléon. Fatigué, comme «engourdi» dans son corps et son esprit, incapable de tenir à cheval plus de deux heures d’affilée, Napoléon donna des ordres ambigus. Il n’a alors que 45 ans! L’empereur exilé restera souffrant jusqu’à sa mort, à Sainte-Hélène à 51 ans.
Profitant de son succès militaire après la bataille de Waterloo, son adversaire Wellington a mené une belle carrière politique jusqu’à sa mort à 83 ans.
Le Musée Wellington de Waterloo accueille, jusqu’au 31 juillet 2015, l’exposition: Napoléon-Wellington : Destins croisés.
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