Comme Clint Eastwood. L’acteur réalisateur, 83 ans, vient de secourir un convive qui s’étouffait lors d’une réception à l’occasion du tournoi de golf en Californie. L’homme discutait en mangeant, quand un morceau de fromage est resté coincé dans sa gorge.
Clint Eastwood a vu dans les yeux de la personne qui s’étouffait la « panique de ceux qui se voient mourir». Il a confessé n’avoir jamais pratiqué la manœuvre de Heimlich auparavant, « sauf en exercice » mais il la connaissait!
S’étouffer, avaler de travers, s’étrangler avec un aliment, un bonbon, se passe, le plus souvent, sans dommage. Une toux permet l’expulsion mais ce temps suspendu sans respiration crée un grand malaise et une vive inquiétude.
L’aliment qui passe dans la trachée et non dans l’œsophage bloque les voies respiratoires partiellement ou totalement. On parle aussi de fausse déglutition ou de fausse route qui survient quel que soit l’âge, chez un jeune enfant, un adulte ou une personne âgée. Si le corps étranger bouche la trachée, l’air ne parvient plus dans les poumons et l’asphyxie survient. La personne va rougir puis bleuir. Sans secours, elle perdra conscience et peut mourir. La France compte chaque année 4000 décès par étouffement.
Vous pouvez faire les gestes qui sauvent en appliquant rapidement si nécessaire la méthode de Heimlich(1) qui peut aider à déloger, par un effet de «piston», l’objet coincé dans la gorge.
Prudence! La méthode de Heimlich est inefficace et dangereuse si l’air passe, notamment si la personne tousse. La méthode risquerait dans ce cas de contrecarrer la sortie naturelle du corps étranger et donc de provoquer une asphyxie. Cette manœuvre doit donc être réalisée impérativement et exclusivement sur une victime qui ne peut plus tousser, qui ne peut plus vous parler ou répondre par aucun son, donc en état d’asphyxie avec une respiration totalement interrompue.
La suffocation survient souvent au cours d’un repas ou d’une réunion.
Tarder à réagir à l’incident est fréquent et peut être fatal.
Un cerveau privé d’oxygène présente des lésions graves au-delà de la troisième minute. Soyons tout de suite en alerte, et pensons à accompagner la personne victime d’étouffement qui s’éloignerait de table afin de vérifier ce qui se passe.
Adulte et enfant de plus d’un an
Pour aider la victime à dégager l’aliment bloquant, les directives de réanimation du Conseil Belge de Réanimation préconisent le schéma suivant pour les adultes (2): il faut d’abord évaluer rapidement si l’obstruction des voies respiratoires est partielle ou totale. La personne qui étouffe est reconnaissable car elle ne peut plus ni parler ni respirer ou tousser, peut garder la bouche ouverte ou porter souvent ses mains à son cou. Elle change de couleur: elle rougit puis se cyanose (devient bleue) puis va perdre conscience et mourir.
1. Si la victime respire encore et a une toux efficace,
- l’encourager à poursuivre ses efforts de toux, mais ne pas intervenir.
2. Si la victime ne tousse plus ou que sa toux est inefficace, et qu’elle reste consciente,
- administrer 5 tapes dans le dos, entre les omoplates:
– se positionner latéralement, un peu en arrière de la victime ;
– soutenir d’une main la cage thoracique en laissant la victime se pencher vers l’avant;
– administrer successivement, avec le talon de l’autre main, 5 tapes entre les omoplates ;
- vérifier si les tapes ont levé l’obstacle des voies respiratoires;
- si ce n’est pas le cas, administrer 5 compressions abdominales (manœuvre dite de «Heimlich»):
– se positionner derrière la victime et mettre les bras autour de la partie haute de l’abdomen ;
– laisser la victime se pencher vers l’avant;
– fermer un poing et placer celui-ci entre l’ombilic et la pointe du sternum;
– empaumer de l’autre main le poing et faire un mouvement rapide qui amène le poing vers vous et vers le haut;
– répéter ce mouvement encore 4 fois;
- si l’obstruction respiratoire persiste, poursuivre en alternance les tapes dans le dos et les compressions abdominales.
3. Si la victime perd connaissance,
–amener la victime au sol avec précaution ;
-veiller à l’appel immédiat des secours via le 112 ;
– commencer la réanimation cardio-pulmonaire par 30 compressions thoraciques.
Une vidéo du Centre français de secourisme illustre en détail toutes les phases d’application de la méthode.
La méthode de Heimlich sera appliquée avec précaution chez les jeunes enfants.
Bébé
La manœuvre de Heimlich ne peut être utilisée avec des nourrissons et des enfants de moins d’un an.
La façon de porter secours à un bébé qui s’étouffe porte le nom de méthode Mofenson et se réalise avec des claques dans le dos, retournement et compressions ainsi que le montre cette vidéo.
Seul
Vous êtes seul et en passe d’étouffer !
Ce ne sera guère évident si une toux ne vous aide pas. Il vous reste la possibilité de réaliser la manœuvre sur vous-même ou l’auto Heimlich qui peut se réaliser de 3 manières.
Philipe Ecalard évoque celle qui consiste à placer le dossier d’une chaise sous son auvent costal et à mettre tout son poids sur le dossier de manière violente, buste penché en avant (3). Démonstration avec cette vidéo en anglais
Il est également possible d’utiliser le coin d’une table comme le montre l’acteur Américain Zach Nichols au cours d’une interview.
A défaut, il existe aussi la possibilité de s’adosser à un mur pour exercer la manœuvre de Heimlich sur soi.
Dans tous les cas, il faut prévenir les secours ou appeler un médecin qui contrôlera la situation et regardera si la victime n’a pas de lésions.
« Avec la méthode de Heimlich, on peut effectivement briser des côtes à la personne qui s’étouffe. Plus la personne est âgée, plus il y a de risque. Mais il vaut mieux peut-être casser une côte et sauver la personne ».
Note: ce rappel ci-dessus ne remplace pas une formation au secourisme qui vous donnera plus d’efficacité et de sécurité pour intervenir.
1. Henry J. Heimlich (né en 1920) est un médecin américain qui a inventé en 1974 une méthode de désobstruction des voies aériennes qui porte son nom.
2. Directives de réanimation du Conseil Belge de Réanimation, page 18
http://www.resuscitation.be/data/2011/directives2010_170811.pdf
3. Les gestes de médecine d’urgence sans matériel par Philipe Ecalard