«Elle n’était plus en sécurité chez elle». Ses trois enfants ont donc placé Cora, 82 ans, obèse, bourrée de pilules depuis des années, fumeuse invétérée, dans une maison de retraite «les Palisades».
Cora n’apprécie pas d’avoir dû quitter sa maison et sa chienne Lulu. Dans un cahier, elle se décide à écrire sans rien cacher. Elle y raconte l’histoire de sa vie et la vie du home.
Pour elle, « les Palisades », c’est la prison, l’enfer. Cora, volcan étouffé, explose avec un langage cru et imagé mais y tombe amoureuse du beau Vitus, pensionnaire comme elle.
Cette aventure amoureuse lui donne une nouvelle raison de vivre et quelques verdeurs ou audaces. Avec la bonne grâce de ses enfants et sa détermination, elle esquive de multiples écueils et retrouve la vie.
« Il avait aussi servi sur les bateaux de croisière et dans les casinos de Las Vegas » page 102
(Bateaux de croisière à Venise)
L’auteur.
Née à San Diego, en Californie, Leslie Larson, journaliste et écrivaine américaine, vit à Berkeley. Elle a travaillé pour la presse et collaboré avec plusieurs magazines. Son premier roman est « Connexions » et le second. «Bons baisers de Cora Sledge». Elle consacre maintenant tout son temps à l’écriture.
Optimisme !
Voici un livre sur la vieillesse qui finit bien!
A tout âge, certaines situations désespérées peuvent se renverser favorablement.
L’entrée en maison de retraite est une modification de trajectoire. Pour certains, le parcours en maison de repos est vécu comme une hospitalisation prolongée ou une retraite dans un monastère. D’autres personnes vont y revivre soit parce qu’elles rompent avec la solitude et se resocialisent soit parce qu’elles sont déchargées des tâches du quotidien et peuvent s’ouvrir à d’autres projets ou occupations. Pour d’autres encore comme Cora, l’entrée au home est un électrochoc: elles décideront de sortir d’un système qui ne leur convient pas.
Sans en faire une caricature mais avec humour, Leslie Larson dépeint la vie dans une maison de retraite, le quotidien, les soins, les visites, les repas, les travers et les petites mesquineries.
La vie amoureuse, que ce soit celle des soignants ou des pensionnaires est le fil du roman. S’il est assez rare que des faire-part de mariage aient pour cadre des maisons de repos, les idylles y sont très nombreuses. Souvent le secret est bien gardé par le personnel soignant non dupe de rapprochements entre l’un ou l’autre résident. Les familles des pensionnaires sont, elles, bien souvent réticentes ou méfiantes face à ces flirts.
Débarrassé des corvées familiales, professionnelles et des vaines obligations, un boulevard s’ouvre au pensionnaire qui lui permet de réfléchir à ce qui lui a manqué ou qui lui manque. Le plus souvent, il a besoin de plus d’amour, de dialogue, d’attention. Ainsi Ernestine : veuve depuis de nombreuses années, Ernestine pensait ne jamais retrouver l’amour. Et pourtant, à la maison de repos de Jemeppe-sur-Sambre, elle est plus heureuse avec Ernest qui lui apporte beaucoup de tendresse et est très attentif.
Au final, le séjour en home de Cora est 100% positif : il lui a permis de se refaire une santé, de faire la paix avec elle-même. Il lui donne les moyens d’être en maîtrise de sa vie. « La vie possède une force bien à elle »: il n’est jamais trop tard pour en reprendre les rennes.
Cela dit, le livre met accessoirement en lumière les légitimes inquiétudes des enfants sexagénaires et la question du bon positionnement responsable face à la situation dégradée de Cora. L’aide apportée par la fille de Cora, Glenda est critiquée par sa mère et n’engendre aucune reconnaissance. Les fils se préservent davantage et sont moins sollicités par leur mère.
Voyez aussi le commentaire de Gérard Collard sur ce livre:
Une phrase.
« Je l’aimais vraiment et quoi qu’il ait pu trafiquer, ce sentiment m’a fait du bien. Il m’a ramenée à la vie »
« Bons baisers de Cora Sledge » de Leslie Larson (Editions 10/18) page 468.