Les plus de 50 ans se sentent souvent lésés au travail.

Le thème du roman de Thierry Beinstingel « Ils désertent » est interpellant au moment où le temps de la pension anticipée est amené à 62 ans dans notre pays, au lieu de 52 voire 50 ans précédemment ! La carrière du travailleur doit se prolonger mais les entreprises se sont peu préoccupées jusqu’ici de la situation de ces travailleurs seniors.

Or, « une enquête menée conjointement par Securex et la KU Leuven révèle qu’au sein des entreprises, les plus de 50 ans se sentent souvent lésés au profit de collègues plus jeunes, et ce tant sur le plan du développement professionnel que sur celui des possibilités de promotion et du soutien dans leur carrière».

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Le travailleur plus âgé se rétrécit au fil du temps comme le dernier fruit du panier alors qu’il a souvent de nombreux atouts : l’expérience, la conscience professionnelle, l’autonomie, la flexibilité horaire. Comme « l’Ancêtre » dans le roman précité, un travailleur expérimenté a plus de mal à s’adapter au changement technologique mais il a développé sa propre stratégie opératoire  souvent efficace et payante.

Le travailleur senior est notamment le seul garant de la mémoire récente de l’entreprise puisque la documentation papier a été abandonnée quasi partout.  Combien d’entreprises perdent aujourd’hui un temps précieux en ne s’appuyant pas sur leurs spécialistes seniors et se lancent plusieurs fois dans le réexamen d’idées «bateau» amenées par les nouvelles recrues mais déjà étudiées quelques années auparavant ?

Au moment où la carrière de tous les travailleurs va notablement se prolonger, les services de ressources humaines ont été peu pressés d’évoluer et couvrent sans réagir les stéréotypes des chefs d’unité…plus jeunes.

Les entreprises qui ont misé depuis les dernières décennies sur les jeunes cadres « dynamiques » ont créé des pyramides d’âges déséquilibrées dans leur personnel. Ces entreprises n’avaient pas encore mesuré le revirement de situation. Elles doivent maintenant retricoter un pan de leurs activités qu’elles avaient carrément délaissé quand on encourageait les départs précoces à la retraite. S’organiser pour sauvegarder la motivation de leurs travailleurs plus âgés est capital pour leurs activités et le climat de travail de tout le personnel de l’entreprise. La génération Y qui observe le manque de considération envers les travailleurs seniors en tire froidement ses conclusions et se désengage plus facilement. A quoi bon s’investir si c’est pour être ainsi abandonné dans 10 ans dans le compotier?

Les entreprises qui veulent un climat propice au développement  de leurs activités veilleront à offrir à leurs travailleurs quinquagénaires et sexagénaires un vrai panel de mesures de développement, en sauvegardant notamment  des possibilités réelles de promotion, d’accès aux formations, de changement vers d’autres domaines ou de valorisation via des pôles d’expertise, et ce sans discrimination,  ni âgisme.

Afin de favoriser cette prise de conscience des entreprises de la valeur des travailleurs âgés,  le gouvernement est intervenu. La loi-programme du 29 mars 2012 (articles 107 et suivants) change le climat actuel en prévoyant explicitement la mise en œuvre de plusieurs mesures portant sur l’emploi des travailleurs âgés de plus de 50 ans. Chaque année, il y aura une obligation pour les entreprises de mettre en œuvre un plan concret et adapté à leur taille pour l’emploi des 50 ans et plus.