À partir de 50 ans, la perte de l’audition se produit très progressivement. Nous tentons inconsciemment de nous y adapter.
“I Can Hear It” Artiste: Ivars Drulle. Beaufort04/ Middelkerke-Westende 2012
Cette perte d’audition (presbyacousie) entraîne une perte de fréquences dans les aigus. Or, ce sont ces aigus qui nous permettent de discerner la plupart des consonnes. La perception des consonnes nous aide à reconstituer les mots entendus. Si dans une conversation, trop de consonnes ne sont pas entendues, nous ne comprenons plus le sens. «Tu veux une bière ? » pourrait vous irriter si vous comprenez «Tu veux une pierre ?».
A partir de 60 ans, la perte auditive pour les hommes est en moyenne 0,5 décibel/an, entre 60 et 70 ans 1 décibel/an, entre 70 et 75 ans 1,5 décibel/an et au-delà 2 décibels/an. Pour les femmes, la déficience auditive apparaît plus tard (1).
Une gêne importante ressentie dans le brouhaha, des manques de compréhension dans les conversations ou au téléphone se révèlent souvent être les symptômes de presbyacousie quand on amorce la cinquantaine.
De façon machinale, les personnes s’adaptent souvent, par exemple en augmentant le volume du son de la télévision. D’autres n’osent pas affronter le réel par réticence à l’appareillage (2).
Je voudrais insister sur l’impact social de la malentendance « non traitée »: les membres de la famille ou amis d’un proche malentendant pâtissent indirectement de cette perte d’audition qui parasite toute communication.
La baisse d’audition génère des incompréhensions pénibles, des disputes même. La patience du conjoint, des enfants, des amis est mise à rude épreuve quand ils doivent élever la voix et répéter les phrases non comprises. Le contenu de leur message se condense sur l’essentiel et offre moins de nuances, d’où une apparente brutalité des propos parfois.
Le fait de ne capter qu’une partie du dialogue provoque de nombreux quiproquos. Le malentendant peut sourire bêtement lorsqu’il n’a pas compris, donner une réponse floue ou hors de propos, poursuivre un thème de conversation dans une réunion de famille alors qu’un autre sujet a été abordé depuis 10 minutes, interpréter inadéquatement une parole: les stratégies d’évitement finissent par provoquer l’agacement d’autant plus si le malentendant cherche à dissimuler ou minimiser son problème d’audition.
Entre les couples, au quotidien, la répétition ou mauvaise compréhension sont frustrantes, créent des conflits qui s’avèrent souvent sans fondement quand les mots véritablement prononcés reprennent leur volume. Par lassitude, le silence finira par s’installer. Il est plus agréable et facile de réagir en trouvant, si nécessaire, une solution à un problème de perte auditive dès 65 ans plutôt qu’à 80 ans. Plus on est âgé, plus il semble malaisé de s’habituer à une aide auditive.
Si on est seul, la malentendance engendre une mauvaise communication qui affectera toute la vie sociale et renforcera encore l’isolement.
N’attendons pas que l’inconfort d’audition soit majeur pour réagir et consulter un médecin ORL pour un dépistage, d’autant que les mutuelles peuvent intervenir dans le processus.
A trop attendre et en l’absence de traitement de la perte auditive, le cerveau aura pris de mauvaises habitudes pour recevoir les sons et les interpréter, ce qui va compliquer la mise en place d’une solution adaptée.
Corriger une baisse d’audition est un acte de prévention qui aide à améliorer ou à conserver une bonne qualité de vie aux seniors!
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(1) Les aides auditives sont aujourd’hui discrètes, bénéficient des avancées de la technologie et accessibles niveau prix.
(2) voir Le Figaro : En France, 2/3 des plus de 65 ans ont des difficultés de compréhension de la parole dans le bruit.