Elias et Farah Chamoun habitent à Beyrouth. Elias est un patriarche libanais de 104 ans et devrait bientôt s’éteindre. Oui, mais…
Son gendre français et sa femme, avertis de la situation critique, rejoignent le Liban pour être présents aux derniers instants du centenaire.
Elias a décidé de s’économiser et de se maintenir grâce aux soins de son aide Hanna.
Cette attente interminable du dernier soupir permet à Christophe Donner de se replonger dans cette ville souvent en guerre et d’y retourner voir les entraînements de chevaux à l’hippodrome.
Au grand dam de ce gendre qui espérait mieux comprendre l’état d’esprit de son beau-père à ce moment ultime, Elias ne communique plus et exaspèrent ses proches qui ne savent plus déceler chez lui, la part de comédie ou de fatigue.
Octogénaire, Farah, l’épouse a beaucoup souffert à cause de ce mari tyrannique et attend, en colère, la mort du vieillard semi-fou, dépendant totalement, qui s’accroche à chaque miette de vie.
Avec un réalisme acide, l’auteur nous fait vivre cette ronde de famille qui se met en place autour des rituels quotidiens du vieil homme.
L’auteur
Né à Paris en 1956, Christophe Donner est l’auteur de « l’Empire de la morale » (2001) et d’« Un roi sans lendemain » (2007). Il est écrivain, chroniqueur littéraire. Outre la littérature, il a aussi la passion des courses hippiques.
Avec les enfants de notre famille, j’ai lu et apprécié de nombreux récits de Christophe Donner pour la jeunesse publiés à l’École des loisirs tels « Je mens, je respire » ou « La Nouvelle Voiture de papa ». Le ton drôle, féroce, décalé retient avec succès l’attention des jeunes lecteurs.
Sur la vieillesse…
- Ce roman est une grande interrogation sur le sens de la très, très longue vieillesse cacochyme, dont l’entourage et une aide doivent tout assumer. Dépendant totalement, épuisant sa famille de ses crises de folie, quelle est encore la nature de la présence de ce beau-père, se demande l’auteur.
- C’est aussi le récit de la lutte pour la survie dans un couple, en mésentente depuis toujours. Entre les deux conjoints très âgés, quand les ressources physiques de chacun s’amenuisent, la souffrance et les regrets font naître la haine et la coopération naturelle cesse. Chacun lutte pour sa propre survie, dévoilant aux enfants un tableau d’échec cuisant.
- Mettant en sourdine leurs blessures personnelles non cicatrisées, les enfants du patriarche soutiennent le centenaire avec un amour ambivalent qui oscille entre regrets et impatience.
Une phrase qui m’a touchée
« Farah nous demande pourquoi on ne s’occupe que de lui, pourquoi est-ce qu’il monopolise toute l’attention de sa famille avec son grand âge. Elle aussi, elle vieillit, elle a quatre-vingt cinq ans.» Page 150
« Vivre encore un peu » Christophe Donner,