Cette question est complexe car l’horizon des personnes âgées, que ce soit au niveau collectif ou individuel est parsemé d’écueils.
L’aide nécessaire pour assurer ou maintenir une qualité de vie pour la masse de personnes âgées sera difficile à organiser. Les budgets publics connaissent de grandes difficultés et par exemple, le Fonds de vieillissement, créé en 2001 pour le paiement des pensions futures, qui devait être approvisionné par les surplus budgétaires, reconnaît lui-même que ses réserves seront insuffisantes pour financer les pensions futures.
Les personnes âgées ne pourront pas toutes compter, comme dans le passé, sur la famille dévouée ou les amis serviables: les liens familiaux ou sociaux se distendent, vont vers une individualisation plus grande et génèrent moins de solidarité.
Or, nous sommes déjà membres de la croisière vers l’île des tempes grises même si nous n’en avons pas conscience. De plus, parmi les premières générations à connaître une telle longévité, nous serons des explorateurs.
Lorsque nous partons en voyage, nous consultons une agence de voyage, des professionnels, de la documentation, mais ici face aux risques de la longévité, nous voguons souvent dans une insouciance légère.
Chaque individu a ses cycles propres de transition de vie. Mais 55 ans semble être une escale propice à la réflexion sur l’itinéraire de vie, l’examen des caps prévisibles ou difficiles à franchir et les adaptations à réaliser de manière à préparer, à équiper le mieux possible son embarcation. Car on ne gardera pas la maîtrise de tout, et on ne sera pas à l’abri d’une tempête.
De 50 à 65 ans, soit entre nos périodes dites de maturité et de pension, nous sommes souvent aux prises avec des contraintes familiales qui vont en tous sens. Notre génération-pivot exténuée entre les propres parents âgés, nos enfants en partance pour la conjugalité ou en phase de retour, la naissance de petits-enfants, le travail professionnel trouve là assez de motifs pour reporter à plus tard un souci de bien-être individuel.
Si ce n’était pas encore assez, la publicité magnifie le jeunisme. Et nos représentations mentales baignent encore dans les images négatives de la vieillesse.
Entre ces deux extrêmes, reste donc à prendre le gouvernail de la prévention individuelle si nous ne voulons pas nous retrouver sur « un rafiot misérable qui prend l’eau à la moindre occasion »*
(*) « Hygiène de l’assassin » Amélie Nothomb