«Chronique de mon crematorium». Caitlin Doughty

Chacun préfère éviter de penser à sa mort.

Très jeune, universitaire, Caitlin Doughty commence à travailler dans un crématorium. Dans cet ouvrage, elle décrit son travail de croque-mort avec réalisme et humour. Son quotidien, c’est de découvrir les corps, en prendre soin dans un moment délicat et affronter des familles très différentes.

Caitlin Doughty incite le lecteur à se poser des questions sur le soin aux défunts et le sens de la mort. Elle partage ses réflexions, en y ajoutant de nombreuses références historiques sur le respect des dépouilles dans le monde.

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« Tout passe. Tout finit. Tout disparaît. Et moi qui m’imaginais devoir vivre pour toujours, qu’est-ce que je deviens? ».

Dernier écrit de Jean d’Ormesson

Auteur

Née en 1984, Caitlin Doughty vit à San à Francisco. Diplômée d’histoire médiévale, elle est entrepreneure en pompes funèbres. Elle défend des pratiques funéraires plus humaines et écologiques. C’est l’objectif qu’elle s’est donné avec son association, «the Order of the Good Death» (L’Ordre de la Bonne Mort).

Commentaire

Dans notre monde contemporain occidental, les morts sont devenus « invisibles ». En raison de la médicalisation de la mort, les enfants ne sont plus confrontés à la réalité de la mort comme jadis.

Il faut bien que quelqu’un s’occupe des défunts. Les dérives américaines n’ont pas encore envahi le monde des pompes funèbres belges. Mais de plus en plus les émotions des familles sont préservées par une prise en charge totale de la personne  décédée. Le défunt est rapidement emporté au crématorium. Il n’y a plus d’ensevelisseuse. Le rite de crémation a été largement adouci pour la vue des familles.

Regarder la mort en face n’est pas facile. Caitlin Doughty livre des réflexions sur le retentissement des suicides, l’embaumement, la crémation, le décès des enfants et montre les failles de notre société. Les anciens rituels apaisants permettaient une mise à distance et comblaient un peu les déchirures de la séparation chez ceux qui restent.

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Par son témoignage concret, direct et professionnel, Caitlin Doughty invite ses lecteurs à ne plus baigner dans une culture du déni de la mort,  à ne pas s’aveugler, à prendre ses dispositions, en bref à réfléchir avant qu’il ne soit trop tard à la question: que voulez-vous faire de votre corps après votre mort?

 

 

 

Marbre. France Renaissance vers 1550.

Musée Louvres-Lens 2013

L’empire du temps sur le monde,

la Fortune tenant le voile et la mort le gouvernail.

Ce livre ne conviendra pas à ceux qui sont très sensibles ou qui refusent l’idée même de leur mortalité.

 Dans «Le Vif», on lisait récemment (2 mars 2018)«Votre dépouille pourrait-elle bientôt servir de compost? »  

Caitlin Doughty a réalisé une intéressante vidéo à ce sujet pour y exprimer son point de vue.

 Une phrase

«C’est la première fois dans l’histoire universelle qu’une civilisation a rompu aussi franchement avec les pratiques funéraires traditionnelles et avec ses croyances sur la mort ».