Poursuivons nos réflexions en matière d’autonomie
Dans une étude de mai 2017, les enquêteurs du Thermomètre Solidaris (1) ont interrogé 450 personnes octogénaires dans une intéressante enquête sur leur situation de vie au quotidien. L’article de «Solidaris magazine» (2) pose la question « Les 80 ans et plus sont-ils des privilégiés? »
Divers angles sont abordés. J’ai regardé les données présentées en m’attachant particulièrement à la question de l’autonomie évoquée dans les articles précédents de ce blog.
Dans le thermomètre Solidaris, il apparaît que :
- 40% des personnes de 80 ans et plus « se disent » totalement autonomes;
- 43% d’entre elles ont besoin d’une aide pour les tâches domestiques;
- 17% ont besoin d’aide pour elles-mêmes (se laver, se déplacer, etc.) et pour les tâches domestiques.
L’enquête ne mentionne pas si les réponses des participants ont été effectivement corrélées avec leur situation réelle et s’il a été tenu compte de l’ampleur du facteur Alzheimer parmi les répondants.(3)
Le thermomètre Solidaris indique en suite que:
60% des octogénaires interrogés ont besoin d’une aide qui est assurée à 70% par une femme de ménage, à 43% par la famille, à 30% par une aide familiale mais l’enquête ne mentionne pas si ces aides sont cumulatives.(4)
Les recoupements entre les réponses aux questions de ce rapport tendraient à prouver soit des contradictions, soit des dénis. En effet,
- 77% des octogénaires se déclarent en assez bonne santé mais 77% ne participeraient plus à la vie de la société et 78% ne voyagent plus.
- La famille est pour les octogénaires une valeur essentielle (5). De quelle nature? 96 % peuvent vraiment compter sur leurs enfants pour les aider dans divers domaines et sont entourés. Un décalage apparaît ensuite puisque 73% reconnaissent vraiment que leur famille agit vraiment pour tenter d’améliorer leur vie. Par contre, 67% ne sont plus à l’initiative de rassemblements familiaux. Recevoir des proches ou de la famille chez eux est un facteur motivant pour seulement 57%, leur indépendance primant avant tout.
La famille n’est donc plus vue par les seniors + comme une communauté unie par des liens réciproques. La vision idyllique de la grande famille (6) disparaît chez eux au profit d’une idée pragmatique de la famille vue comme un cadre essentiel de ressources. Les seniors savent que leur prise en charge par la famille est un facteur très important pour vivre vieux et autonome.
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1. Solidaris a choisi de s’associer à deux médias Le Soir et RTL pour ce dixième sujet: « Comment vont les personnes de 80 ans et plus ? » Rapport de recherche. Mai 2017.
2. Juin 2017 page 8
3. Parmi les personnes âgées pour les 80-90 ans, un taux de 30 % de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer est atteint. Cette maladie reste encore largement taboue. Aux premiers stades de la maladie et même au stade 4 de l’Alzheimer, les malades sont dans le déni. Un très grand nombre d’entre elles restent à domicile avec le soutien discret des proches.
4. » Les personnes qui ont des déficiences cognitives importantes sont peu nombreuses à ne pas avoir d’aidant (5%), ce qui illustre indirectement le rôle prépondérant des aidants dans le cadre du soutien à domicile des personnes souffrant de troubles cognitifs importants. En effet, au-delà d’un certain niveau de déficience, le soutien à domicile basé sur des services formels devient difficile, voire impossible, sans l’implication d’un aidant proche. » Les aidants proches des personnes âgées qui vivent à domicile en Belgique : un rôle essentiel et complexe. Étude de données. Fondation Roi Baudouin Page 34
5. Il est à noter aussi qu’un pourcentage significatif ( autour de 9 %) de nonagénaires n’a plus de famille proche (ni conjoint, ni enfant).
6. Les relations familiales sont souvent fortes entre les générations familiales proches, entre parents et enfants. Entre les grands-parents et petits-enfants jeunes aussi mais leurs contacts s’estompent au fil du temps quand les petits-enfants ont leur propre vie. Le fait pour les petits-enfants de participer aux réunions de famille organisées par leurs grands-parents est un facteur de rapprochement favorable mais voilà, il semble bien que ce ne soit plus pour les octogénaires une préoccupation…