«En cherchant le vieux, on apprend du neuf». Proverbe japonais

Pourrions-nous tirer apprendre du neuf en observant le vieillissement dramatique de société japonaise ?

Le Japon compte aujourd’hui 127 millions d’habitants. Chaque année, la décroissance de sa population s’effectue au rythme de plus de 200.000 unités, soit 1 million de personnes tous les 5 ans.

L’espérance de vie est l’une des plus élevées au monde : 86,8 ans pour les femmes, 80 ans pour les hommes. L’âge médian est de 46,5 ans.

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Temple du Pavillon d’or (« Kinkaku-ji »), temple impérial du jardin des cerfs à Kyoto

 

La pyramide des âges  projetée en 2020 serait celle-ci:

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  • population de 0 à 14 ans : 11,28%

 

  • population de 15 ans à 65 ans : 60,42 %

 

  • population 65 ans et plus : 28,30 %

Près d’un tiers de la population a plus de 65 ans. La barre des 60.000 centenaires est franchie depuis 2015. La décroissance démographique du Japon s’appuie sur la hausse de l’espérance de vie et la faible natalité. Alors que l’État encourage la natalité en offrant  une allocation, le taux de fécondité reste faible: 1,4 enfant par femme en 2016. Il faudrait atteindre 2,1 enfant par femme pour espérer un renouvellement de la population.

La population du Japon chutera d’un tiers entre 2010 et 2060: la barre des 100 millions d’habitants serait atteinte en  2048 selon des prévisions ministérielles (2012).

La densité de population est élevée et 92 % des habitants vivent dans des régions urbaines.

Pour contrer ce déclin démographique et le moindre nombre de travailleurs, le Japon pourrait recourir à la main d’œuvre étrangère. Mais la  faiblesse de l’immigration au Japon est connue: ce pays accueille seulement 2 millions d’étrangers. Face à l’onde migratoire en Europe, le Japon s’en est tenu quasi à son principe de l’immigration zéro. Il n’y a au Japon que 2 % de résidents étrangers, clandestins compris ! Les immigrés se fondent naturellement dans la population: plus de 80 % sont des Asiatiques (surtout Chinois, Coréens et Vietnamiens) ou des Sud-Américains de sang japonais. Le conflit avec des religions ou coutumes différentes ne se pose pas. Les Japonais conçoivent  leur pays comme une société fermée pour les seuls japonais.

C‘est connu: les personnes âgées consomment moins. Les entreprises comptent cependant sur une frange très privilégiée des seniors, les « korei shinjinrui » ou « nouveaux vieux« , pour redynamiser la consommation nippone. Le pouvoir d’achat  de ceux-ci est important: 47 % du montant total de l’épargne est conservée par les plus de 60 ans. Mais ce pari est loin d’être gagné! Car ces nouveaux seniors ne veulent pas des gadgets mais des produits fonctionnels, utiles, solides et vraiment adaptés à leurs exigences.*

La prise en charge des personnes très âgées en perte d’autonomie n’est pas résolue et va s’aggraver **.

Pour nous, européens, le modèle japonais est une préfiguration de la situation que nous devrions connaître avec nos sociétés vieillissantes. Mais hormis les pistes technologiques d’aide aux seniors, aucune solution sociale, familiale de prise en charge innovante n’y est encore apparue.

 
A l’université de Tokyo, une horloge démographique calcule le déclin du nombre d’enfants avec une date fatidique: le 16 août 3776 serait le jour où il ne restera plus un seul japonais au monde…

 

*« Les vertus chères aux seniors, comme la qualité, la finition, le poids et le prix, se diffusent dans tous les segments de clientèle »

** Le Japon devra faire face à une pénurie de quelque 300 000 infirmières pour personnes âgées