« Le réveil du cœur » François d’Epenoux.

Jean travaille dans la publicité. Il n’a jamais osé présenter, à son père, sa compagne Leïla d’origine marocaine.

Son père, c’est le «Vieux» fantasque, bougon, solitaire, obnubilé par son époque et réfractaire à la modernité.  Sa devise : « Ne jamais avoir à regretter de ne pas avoir tout tenté».

La séparation chaotique avec Leïla  amène Jean  à confier durant le mois d’août son fils de 6 ans à son père, le «Vieux » grand-père. Pour le Vieux et Malo, c’est un mois de rêve, de partage où l’un et l’autre s’apprivoisent avec des jeux et des promenades dans la nature.

Malo retourne chez sa mère. Le « Vieux » qui va avoir quatre-vingt ans est conscient de la fragilité de sa santé et quitte Lacanau pour un séjour en Ecosse chez son frère. Il veut y retrouver une vie simple et contempler la mer. Lui, l’ennemi des technologies modernes, reste en contact par skype avec son petit-fils  Malo, en cachette de son fils Jean.

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« Bientôt, la marée monte, menaçante, étirant toujours plus avant ses assauts en direction de la citadelle. »(p.158)

L’auteur.

Ecrivain français né en 1963, François d’Épenoux  a travaillé pendant plus de 10 ans dans une agence de communication. Il est  l’auteur  de sept romans, notamment  « Les bobos me font mal », « Les papas du dimanche », « Même pas mort ».

Photos2013.jpgUn grand-père et son petit-fils.

« Le réveil du cœur »: c’est l’histoire d’un grand-père et de son petit-fils. Je n’analyse pas vraiment ce roman comme un conflit de générations mais comme une rencontre entre deux personnes vivant à des époques différentes : un « vieux » réfractaire à la modernité et proche de la nature et un petit-fils vivant dans notre monde hyper-connecté et sécurisé.

Le romancier illustre le déficit de communication entre les protagonistes. Sans incriminer l’une ou l’autre partie, François d’Épenoux  montre comment la création d’un lien et la transmission entre générations peuvent devenir aujourd’hui compliquées. Les jeunes parents, pris dans leur vie active, revendiquent la tolérance mais sont a contrario critiques et exigeants envers le grand-père. Longtemps, les visites du grand-père à Malo «une fois par mois dans un lieu neutre» ont été évaluées, soupesées d’où les réactions réservées du Vieux, devenu désabusé.

Puis il y a une grande leçon du livre pour tous les lecteurs.  L’affection reste sous-jacente. La vie  comme un fleuve suit son cours mais a des méandres: chacun grandit, évolue différemment qu’il s’agisse des parents ou de l’enfant. Le grand-père peut enfin endosser son rôle. Le réveil du cœur. Un lien fort se noue à l’occasion du séjour du petit-fils Malo, à Lacanau chez son grand-père. C’est un échange mutuel fait de moments d’humanité dense et qui noue enfin une relation privilégiée.

L’évolution des sentiments  est écrite avec humour et talent dans des dialogues naturels et vivants.

Une phrase.

 «Tu réussis ou tu échoues, c’est égal, mais au moins tu en as le cœur net et de cela tu peux être fier, quoi qu’il advienne».

«Le réveil du cœur». François dEpenoux, éd. Anne Carrière, 253 pages.