Toutes les institutions qui hébergent des personnes âgées désorientées doivent faire face au sujet préoccupant des fugues de certains seniors.
Les professionnels des maisons de repos sont face à un dilemme, garantir la sécurité du résident et respecter sa liberté. «Un home est un lieu de vie, pas une prison» déclare Mahaut Werrebrouck, directrice de la résidence la Moisson à Colfontaine. (*)
Afin de limiter les fugues, différents moyens matériels peuvent être utilisés dans ces établissements: portes avec code, services « sécurisés », port de cartes ou bracelets d’identification, « GPS pisteurs » et détecteurs.
Aux Etats-Unis, des chaussures équipées d’un système de géolocalisation sont mêmes proposées pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer.
En Belgique, 1476 disparitions ont été signalées en 2013, soit à peu près 4 par jour. Ont été retrouvées 1412 personnes dont 158 décédées.
Parmi elles, figuraient 143 personnes âgées de 70 à 99 ans, 85 hommes et 58 femmes.
Selon les chiffres de la Cellule Disparitions, 170 seniors disparaissent en moyenne chaque année de leur établissement. 25 seniors sont retrouvés décédés, souvent pour hypothermie.
Une partie des disparus est retrouvée dans l’établissement dans un lieu inattendu et les autres dans un rayon assez proche du home (2 kms souvent) devant un obstacle naturel à leur progression comme un fossé, une clôture, une voie de chemin de fer.
« Francis a été retrouvé mort la semaine dernière, au terme de quinze jours de recherches, après avoir quitté la maison de retraite de Seine-et-Marne où il résidait depuis trois ans. Comme Maria, 82 ans, morte en décembre le long d’une voie ferrée, à côté de chez elle, à Loison-sous-Lens, ou encore Jean, 79 ans, noyé l’an dernier dans un plan d’eau de Charente-Maritime après avoir quitté sa résidence » commentait le Figaro en France où la difficulté de retrouver ces seniors désorientés est apparue comme chez nous.
Des pas dans le sable de Hardelot.
La police belge a développé un projet « Disparitions des Seniors », qui vise à prévenir ce type de disparitions et à améliorer la recherche des personnes âgées disparues des maisons de retraite. Des protocoles de collaboration sont établis entre la police locale et les établissements accueillant des personnes âgées de la région concernée. De nombreuses zones de police ont déjà signé ces protocoles.
Les propriétaires de résidences, qui ont déjà sécurisé de plus en plus leurs installations au fil du temps, bénéficient de conseils dans le cadre de cette coopération. Les institutions font des photographies des résidents et établissent des fiches signalétiques préalablement pour les résidents à risque. Ces documents permettront de gagner un temps considérable lors recherches de ces personnes vulnérables disparues mais déjà identifiables facilement. Les données de base comme le nom, la date de naissance, la taille, le poids, la couleur des yeux et des cheveux, les maladies connues, mais aussi le métier, les anciennes adresses du pensionnaire, les endroits qu’il fréquentait donneront des pistes éventuelles si le fugueur essaie de retourner dans un lieu familier resté plus facilement ancré dans sa mémoire antérieure.
Chacune des zones géographiques concernées nomme un policier de référence pour tous les établissements accueillant des personnes atteintes de maladies de type Alzheimer, afin de pouvoir prévenir le service de police dans les 20 minutes de la constatation de la disparition.
Les premières heures sont capitales: en milieu urbain, une personne se déplace en moyenne à une vitesse de 4 km/h.
« On est bien conscient qu’on n’empêchera jamais les personnes âgées de disparaître parce qu’elles ne sont pas privées de liberté et sont libres d’aller et de venir. Elles se mettent malheureusement parfois elles-mêmes en danger, mais le but c’est de réagir le plus vite possible et ça, ce protocole va nous le permettre » expliquait sur RTL TV, David Rimaux, commissaire à la cellule des personnes disparues, à la police fédérale.
* (Le Soir, 4 septembre 2014, page 9).