Le constat de désengagement solidaire est criant dans les associations qui s’occupent de l’entraide envers les aînés malades, isolés, handicapés. Ces associations tentent de réconforter les aînés plus dépendants en leur permettant de rester en contact avec le monde extérieur.
Des services de visite aux malades sont rendus depuis longtemps par les bénévoles de mouvements confessionnels mais il y a maintenant pénurie d’engagements. *
Quand apparaît une perte d’autonomie, une dépendance des personnes, on ne se bouscule plus au portillon des bénévoles. La Croix-Rouge notamment recherche des bénévoles pour accompagner à domicile des personnes âgées isolées. En Wallonie, un senior sur 7 vit en situation d’isolement et 95% des bénéficiaires ont 70 ans et plus.
Illuminer … Lustre vénitien
L’activité bénévole en faveur des personnes âgées est plus exigeante que d’autres pour plusieurs raisons :
- La charge émotionnelle des visites peut parfois être très lourde. Le volontaire doit avoir un bon équilibre intérieur et suivre des formations appropriées à l’écoute pour accompagner des personnes démentes, malades chroniques ou en soins palliatifs par exemple.
- Pour les visites aux personnes âgées isolées, le lien avec le bénévole doit durer pour créer des repères. Il est demandé aux bénévoles de s’engager sur une période donnée, ce qui crée souvent une contrainte certaine pour le bénévole. « Nous sommes de plus en plus sollicités, pour trouver des volontaires qui acceptent de consacrer un peu de leur temps à une personne âgée qui souffre de solitude. Or, être bénévole demande un engagement dans le temps, pour qu’un lien véritable puisse se nouer avec la personne visitée. »
- Dans le secteur d’entraide envers les aînés, il arrive que l’activité du bénévole soit pompée par des personnes relativement aisées et futées qui estiment avoir le droit de profiter de ce système facile et non contrôlé. Cela se fait donc au détriment d’autres personnes en demande, plus démunies ou isolées. Certaines associations, petites ou avec peu de moyens, ne filtrent pas la pertinence des requêtes. Rares sont les bénévoles du secteur qui n’ont pas connu au moins une fois le sentiment d’être instrumentalisés.
– Certains aînés ont largement la possibilité financière de recourir à des services payants pour le transport par exemple. Elles pourraient prendre un taxi mais préfèrent ne pas attendre et avoir quelqu’un à leur disposition;
– Autre exemple, André, bénévole à qui on avait demandé de se rendre chez une dame le samedi, a découvert au fil du temps qu’il compensait l’absence de la dame de compagnie qui venait tous les jours de la semaine, les quatre enfants partant chaque semaine en week-end;
– Alice, qui a une pension modeste était visiteuse avec dans un home. A la demande d’un docteur pensionnaire, elle lui a acheté plusieurs livres sans jamais être remboursée. Avec beaucoup de cynisme, à sa demande de remboursements, le cher docteur lui a dit : « Dieu vous le rendra ».
De quoi démotiver les plus valeureux des volontaires !
Le vieillissement, la distension des liens familiaux, les difficultés économiques ne facilitent pas la vie des aînés en perte d’autonomie. Bien qu’ils bénéficient de services dédiés pour les aider dans la vie quotidienne à domicile, la solitude est souvent là.
Le bénévole motivé, formé, par sa seule présence et son écoute peut illuminer le parcours des aînés et trouver lui aussi des possibilités d’échanges gratifiants.
*· * Ce qu’ont bien compris certains mouvements sectaires qui s’engouffrent dans le créneau de la détresse et envoient des adeptes visiter les malades, trouvant ainsi des victimes plus désarmées.