« Veuf » Jean-Louis Fournier

Au fil des pages, j’ai relevé que Sylvie était réservée, rayonnante, délicate, ordonnée, trop gentille, dévouée, élégante, douée pour la cuisine, pas jalouse. Cette perle était la femme que l’écrivain Jean-Louis Fournier a aimée durant 40 ans.

Mais, un jour d’hiver sans prévenir, Sylvie est morte.

Avec son chagrin et ses souvenirs, Jean-Louis Fournier, écrivain, réanime dans ce livre Sylvie, son épouse décédée, en mots.

rose.jpg

L’auteur

Né à Arras en 1938, doté de sincérité et du sens de l’humour, Jean-Louis Fournier, a été le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède.
En 2008, Jean-Louis Fournier obtient le prix Femina 2008 pour son roman « Où on va papa? », dans lequel il décrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le récit Veuf, paru en 2011, parle du décès de son épouse Sylvie.




Transition de vie.  

Le décès d’un  partenaire est un moment de transition très douloureux à surmonter. Il n’y a plus vraiment de rituels familiaux ou communautaires qui facilitent le travail de deuil de celui qui reste. Le chagrin  est considéré comme relevant de plus en plus de la sphère privée. Après les funérailles, le survivant est confronté aux démarches administratives (nous venons de parler d’un des aspects pratiques, la situation bancaire), aux difficultés du quotidien où de nombreux détails comme un courrier adressé au défunt ravivent la douleur. Seul face à ses émotions, le veuf découvre l’absence au quotidien et doit apprendre un nouveau mode de vie.

De nombreuses personnes sont veuves avant  60 ans. Ce traumatisme est souvent ressenti par le survivant comme un véritable abandon. L’équilibre de vie construit à deux et les projets que l’on avait faits ensemble s’effondrent. On parle de veuvage précoce.

Le veuvage tardif évoque la situation des aînés après 70 ans. La perte du partenaire est aussi dévastatrice dans les couples âgés car le mode de fonctionnement du couple est alors devenu complémentaire, chacun palliant les déficiences de l’autre. La perte du partenaire de  vie peut rendre le survivant très vulnérable.

Comme le montre Jean- Louis Fournier, la perte du conjoint ne marque ni la fin de la vie pour le survivant ni du lien conjugal. Que ce soit un veuvage précoce ou tardif, le survivant accomplit à son rythme un travail très personnel de mémoire qui lui permet de donner au défunt une  nouvelle place dans sa vie, place dont il va définir les contours et la proximité mais qui restera souvent majeure.

Avec beaucoup de retenue, l’écrivain nous convie à son oeuvre du souvenir. Ce témoignage composé de courts chapitres se lit rapidement.

Photoslivre.jpg


Une phrase…

« J’ai des moments de répit dans mon chagrin quand j’écris. J’ai l’impression d’écrire et que tu lis par-dessus mon épaule.

 J’espère que mon livre va te plaire. » Page 98 «Veuf» Fournier Jean-Louis (Edition  le livre de poche)