Comment l’interaction se noue-t-elle entre nous et les robots ? (4)

Nous n’avons pas les mêmes réactions avec les robots qu’avec nos ordinateurs que nous utilisons en moyenne 7 heures par jour et que nous rangeons d’office dans le gamme des outils indispensables de technologie.

Les robots sont aussi très présents dans notre quotidien: 51% du trafic sur Internet est généré par des programmes automatiques, selon une étude faite par Incapsula, spécialiste de la sécurité pour le  web.

Sur internet derrière nos écrans, les robots avancent masqués*: ils sont même plus nombreux que nos amis humains mais nous les détectons pas.

Pour un robot social dont la fonction prévue est d’interagir « physiquement » avec les gens, une forme humanoïde ou animale est toujours adoptée afin de faciliter le transfert de nos sentiments sur lui. Des grands yeux expressifs, un visage poupon endorment toute réticence humaine.

Selon  Cynthia Breazeak du Personal Robots Group du Media Lab du Massachusetts Institute of Technology «L’impact de l’expressivité des robots sur notre perception est primordial … Quand on regarde un robot bouger, ses expressions, nous regardons un être plutôt qu’une chose».

Cette empreinte sur nous nous amène à interpréter les mouvements du robot en termes psychologiques, comme pour d’autres êtres humains et donc à le classer dans cette catégorie. «Le fait de savoir que notre cerveau se fait abuser par un simple robot ne nous aide en rien à mieux lui résister».

Une vie avec un robot? Finirons-nous par les aimer ? Voire les épouser ?

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On parle ici de tout autre chose que le petit robot qui soigne nos fleurs…

Dans les homes, le sentiment de solitude** des pensionnaires est parfois abyssal. Il manque de plus en plus du personnel spécialisé pour s’occuper des personnes âgées. La tentation sera grande à l’avenir pour les gestionnaires de recourir à des robots qui feront un travail de soutien, d’autant que leur prix d’achat comparé à un salaire annuel est très compétitif. (25.000 €/ pièce ou même moins).

Face au pensionnaire malade ou même atteint d’Alzheimer, le robot est présenté comme la solution technologique fiable pour «créer du lien» car il emmagasine les réponses de son interlocuteur. Une avancée spectaculaire dans le domaine de l’intelligence artificielle permettant au robot de collaborer pour résoudre des problèmes, a été faite par des chercheurs du CNRS : Nao, le robot français, a été doté d’un système mémoriel et d’apprentissage lui permettant de remémorer des souvenirs aux personnes âgées.

Cette faculté est vraiment intéressante mais ne perdons pas de vue que les robots peuvent aussi avoir leurs déficiences techniques et souffrir d’un « Alzheimer robotique », un «reset» qui efface toute leur mémoire. Qu’en sera-t-il pour ces personnes âgées qui vivront une expérience brutale de perte incompréhensible d’un nouveau compagnon, « deuil » non forcément validé ou reconnu par notre société? La question est tout sauf farfelue.***

Les impacts de ce lien robotique sur les fonctions cognitives des personnes vulnérables ne sont pas encore imaginés, encore moins évalués. On ne s’en alarme même pas. (à suivre)

 

*Pour une expérience, des chercheurs ont créé une centaine de profils imaginaires: faux noms et photos pour des robots qui ont envoyé quelque 5 000 demandes « d’amitié » à des utilisateurs inconnus. Près d’une personne sur cinq a accepté ces demandes.

**On n’y choisit pas son entourage…et les amis ont disparu.

*** « On peut être étonné voire choqué de la réaction de certains Japonais devant leur Aibos hors service : ils pleurent, réclament une cérémonie funéraire« 

(Les AIBOs sont des chiens robots autonomes qui peuvent se déplacer, voir leur environnement et reconnaître leur maître).