Dans les temps anciens, comme nous venons d’en parler, mieux valait que les aînés s’agrippent aux cocotiers ou se raccrochent aux branches pour survivre.
Tenerife/ taille des palmiers
Aujourd’hui, les progrès de la médecine, de la diététique, de la technique (lunettes, prothèses auditives, …), de la protection sociale et juridique ont considérablement amélioré la vie en bonne santé des personnes. Les aînés, de manière collective, ne sont ainsi plus mis à l’écart du groupe social.
Cependant, notre société valorise au maximum les valeurs d’autonomie et de jeunisme. Une certaine dichotomie naît dans le regard de la société porté sur les personnes âgées selon que leur vieillissement renvoie une image favorable ou négative. L’attitude de la société sera très bienveillante envers les seniors « adaptés », toniques, sportifs et argentés : c’est d’ailleurs cette seule image que la publicité utilise et véhicule. Mais le grand âge avec ses infirmités, sa dépendance, évolution au demeurant naturelle, reste une représentation complexe et épineuse à assimiler pour la société. Il en va de même pour la personne âgée confrontée à la dépendance.
Avec de bons soins, même bien intégrés socialement et respectés, les grands seniors, malgré tout, peuvent se sentir marginalisés et éprouver une nostalgie certaine « de leur temps », un temps passé qu’ils idéalisent. Il ne s’agit pas là de préjugé, mais bien de leur ressenti individuel, d’une émotion teintée de souvenirs et de regrets. L’expression de cette peine peut être sinon culpabilisante, du moins douloureuse à entendre pour les familles.
En effet, beaucoup de « seniors+ » connaissent ce sentiment légitime de solitude existentielle: leur compagne ou compagne sont décédés, leurs pairs disparaissent, les rituels collectifs (mariages, fêtes de famille…) s’effacent. S’ajoutent les barrières créées par des situations ardues à gérer ou des périodes de retrait dues à la maladie. Le monde extérieur est dirigé par de plus jeunes qu’eux et a changé du tout au tout avec les technologies modernes. Le quatrième âge est aussi une classe sociale qui n’intervient quasi plus au niveau de la vie sociale ou politique.
C’est dans ce groupe des plus de 85 ans que le sentiment de solitude est le plus élevé : il n’est donc pas étonnant que certains grands seniors évoquent ou se retournent toujours vers le passé plus gratifiant de leurs propres parents. Il leur semble que ce vingtième siècle « passé » était plus axé sur des relations familiales déférentes, et offrait à leurs parents un autre statut social. D’autres octogénaires parviennent à tourner cette page en opérant les petits renoncements ou ajustements indispensables à la poursuite de leur vie.
Gommer les conséquences affectives, psychologiques ou sociales des aléas d’une vie longue est un défi impossible pour quiconque. Cela relève du mythe!
Sans être parfaite, la prise en charge des difficultés du grand âge est beaucoup mieux assurée et encadrée aujourd’hui. Elle n’a plus rien à voir le sort d’abandon ou d’exclusion sociale réservé à nos aïeux.
Heureusement !